Quelles alternatives Open Source à VMware?
L'acquisition de VMware par Broadcom a déclenché une onde de choc, suscitant de vives préoccupations chez les entreprises dépendantes de ses technologies de virtualisation. Pour de nombreuses directions informatiques, la migration hors de l'écosystème VMware est devenue une priorité plus urgente que le déploiement de projets d'IA générative. Les changements commerciaux post-acquisition, comme la transition vers des modèles d’abonnement et une hausse des prix agressive, ont poussé de nombreuses entreprises, en particulier les PME, à explorer activement des solutions alternatives pour leurs besoins sur site.
Principaux défis depuis l'acquisition
L'ère Broadcom a entraîné plusieurs changements brutaux ayant un impact direct sur les coûts opérationnels des entreprises :
- Passage forcé des licences perpétuelles à un modèle basé sur l'abonnement.
- Suppression de la version gratuite de vSphere Hypervisor (ESXi), un pilier pour de nombreux laboratoires et petites entreprises.
- Augmentation massive des prix, certains clients rapportant des hausses de 170 % à 600 %, et des prix miltipliés par 8 à l'occasion de renouvellements de contrats.
Ces changements radicaux incitent de nombreuses organisations à réévaluer leur dépendance stratégique à VMware et à se tourner vers des solutions plus rentables, flexibles et souveraines.
La montée des alternatives open source pour la virtualisation
Bien que VMware ait longtemps dominé la virtualisation des datacenters, plusieurs alternatives open source matures offrent depuis des années des fonctionnalités robustes, un coût total de possession (TCO) maîtrisé et un meilleur contrôle stratégique. Ces alternatives permettent non seulement d'éliminer le risque de dépendance à un fournisseur unique, mais elles s'inscrivent également dans une tendance de fond vers les technologies Open Source, qui privilégient la flexibilité, l'interopérabilité et le développement communautaire.
1. Proxmox VE
Proxmox Virtual Environment s'est imposé comme une alternative de premier plan, plébiscitée par une communauté grandissante. Cette plateforme, construite sur Debian Linux, combine la virtualisation par machines virtuelles (KVM) et par conteneurs (LXC).
- Points forts : Solution tout-en-un avec une interface web claire, fonctionnalités de clustering et de sauvegarde intégrées, support des conteneurs LXC, et un modèle économique transparent.
- Points faibles : Le support, bien que réactif, est souvent perçu comme un frein à l’adoption en très grande entreprise, car il n’inclut pas en standard de SLA 24/7, un prérequis pour de nombreuses DSI. L'automatisation avancée et la gestion de réseaux complexes exigent une expertise Linux.
- Quand l'utiliser : Idéal pour les PME, les ETI et les organisations qui cherchent une migration rapide et maîtrisée depuis vSphere.
Le point de vue de nos équipes : Proxmox remplace vSphere avec une efficacité redoutable. C'est une fondation idéale et robuste sur laquelle une plateforme comme la nôtre peut se déployer pour orchestrer le cycle de vie applicatif. Son défi reste cependant la gestion à grande échelle et l'automatisation avancée, qui exigent des outils complémentaires.
2. XCP-ng
Né de la communauté et porté par la société française Vates, XCP-ng est une solution de virtualisation basée sur l'hyperviseur Xen, souvent citée pour son expérience utilisateur proche de VMware.
- Points forts : Maturité et performance héritées de Xen, un acteur européen fort qui renforce la souveraineté, et un écosystème puissant avec la console d'administration Xen Orchestra. L'offre est renforcée par des solutions comme Xostor pour le stockage, en partenariat avec Linbit.
- Points faibles : La courbe d'apprentissage peut être plus raide pour les équipes non familières avec l'écosystème Xen.
- Quand l'utiliser : Pour les environnements de production exigeants qui privilégient la performance et la souveraineté technologique, ou pour les migrations depuis XenServer.
Le point de vue de nos équipes : XCP-ng incarne une voie solide vers la souveraineté numérique. Il fournit une couche d'infrastructure fiable mais, comme Proxmox, laisse à l'entreprise le soin de construire la couche d'automatisation et de déploiement applicatif au-dessus.
3. OpenStack
Connaissant un véritable second souffle, OpenStack reste la référence pour les organisations visant la construction d'un cloud privé à grande échelle, notamment dans le secteur des télécoms.
- Points forts : Scalabilité quasi illimitée, flexibilité totale grâce à son architecture modulaire, intégration native avec des technologies comme CEPH pour le stockage distribué.
- Points faibles : Une complexité de déploiement et de maintenance très élevée, qui exige des équipes d'experts dédiées.
- Quand l'utiliser : Exclusivement pour les très grandes entreprises ou les fournisseurs de services cloud qui bâtissent une infrastructure IaaS entièrement personnalisable à très grande échelle.
Le point de vue de nos équipes : La puissance d'OpenStack est indéniable, mais il est surdimensionné pour la majorité des entreprises. C'est une machine de guerre qui, si elle est mal maîtrisée, peut rapidement devenir un fardeau opérationnel. Notre philosophie est inverse : fournir la puissance du cloud via une plateforme simple, sans forcer nos clients à devenir des opérateurs de cloud.
4. Xen Project
L'hyperviseur Xen Project est le moteur qui anime certaines des plus grandes infrastructures mondiales, y compris une grande partie d'Amazon Web Services (AWS).
- Points forts : Une maturité et une fiabilité éprouvées à une échelle massive, des fonctionnalités de sécurité robustes et une performance optimisée.
- Points faibles : Xen est un hyperviseur, pas une solution clé en main. Il manque d'outils de gestion intégrés, ce qui exige un investissement significatif dans des outils de supervision et d'orchestration.
- Quand l'utiliser : Lorsque la priorité absolue est la performance et la sécurité de la couche de virtualisation de base, et que l'organisation dispose des ressources pour construire sa propre plateforme de gestion par-dessus.
Le point de vue de nos équipes : Xen est un moteur de Formule 1. Isolé, il est d'une performance remarquable, mais il ne constitue pas une voiture. Utiliser Xen seul revient à construire son propre véhicule de A à Z. C'est le rôle d'une plateforme d'assembler ce moteur avec un châssis et un tableau de bord pour en faire un produit utilisable.
5. oVirt
oVirt est une plateforme de virtualisation open source conçue pour fournir une infrastructure complète pour la gestion des machines virtuelles, construite sur l'hyperviseur KVM.
- Points forts : Offre une interface de gestion centralisée puissante pour les clusters, le stockage et les machines virtuelles, avec des fonctionnalités de niveau entreprise similaires à VMware vCenter.
- Points faibles : Le projet a été affecté par les changements de stratégie de Red Hat, son sponsor historique, ce qui soulève des questions sur son avenir et son support à long terme.
- Quand l'utiliser : Pour les organisations déjà familières avec l'écosystème KVM/Red Hat qui cherchent un remplacement fonctionnel de vCenter, en acceptant le risque lié à la dynamique du projet.
Le point de vue de nos équipes : oVirt a longtemps été une alternative crédible à vCenter, mais l'incertitude qui pèse sur son avenir en fait un pari risqué. La pérennité des fondations est un prérequis pour bâtir des services durables. Nous privilégions des solutions dont la dynamique communautaire et le soutien industriel sont clairs et actifs.
6. OpenNebula
OpenNebula se positionne comme une solution de gestion de cloud plus légère et flexible, capable d'orchestrer plusieurs types d'hyperviseurs.
- Points forts : Un excellent équilibre entre simplicité et puissance, et la capacité à gérer des infrastructures hétérogènes (KVM, Xen, et même des nœuds VMware ESXi), ainsi que des clusters Kubernetes via OneKE. Il est reconnu pour son rapport qualité-prix, comme en témoignent des utilisateurs comme The Qt Company et le Département Flamand de l'Environnement.
- Points faibles : Une communauté plus restreinte que celle d'OpenStack, ce qui peut limiter l'accès à des compétences et à des retours d'expérience.
- Quand l'utiliser : Pour les entreprises qui cherchent à construire un cloud privé ou hybride sans s'exposer à la complexité d'OpenStack.
Le point de vue de nos équipes : OpenNebula offre une gestion IaaS efficace, un bon compromis entre simplicité et puissance. Il répond à la question « comment gérer mon infrastructure ? ». La question stratégique qui demeure est « comment gérer mes applications sur cette infrastructure ? ». C'est précisément le rôle d'une couche PaaS.
Au-delà de l'hyperviseur : la vision « Plateforme » avec Abilian Nua
Remplacer l'hyperviseur est la première étape, purement tactique. La valeur qui transformera vos opérations se trouve dans la couche supérieure : celle qui automatise le déploiement, la gestion et la maintenance de vos applications. C'est pour répondre à ce besoin que nous avons créé Abilian Nua, notre plateforme PaaS (Platform as a Service) open source et auto-hébergée.
Abilian Nua est le complément stratégique des solutions de virtualisation. Il s'installe au-dessus de votre infrastructure pour vous offrir :
- L'automatisation du cycle de vie applicatif ;
- Une expérience développeur unifiée ;
- La souveraineté numérique de bout en bout.
L'automatisation : usine à construire ou usine clé en main ?
Toute infrastructure moderne repose sur l'automatisation. Des outils comme Ansible, Terraform, Puppet, Chef ou Pyinfra sont devenus des standards. Si votre organisation utilise déjà l'automatisation dans son environnement VMware, le passage à une alternative open source peut se résumer à la réécriture du code d'infrastructure et des flux de travail.
L'alternative est de choisir une plateforme qui intègre ces meilleures pratiques. Avec Abilian Nua, nous vous livrons cette usine logicielle prête à l'emploi, vous permettant de bénéficier de la puissance de l'automatisation sans la complexité de son assemblage.
Deux voies pour l'avenir
Face à la situation actuelle, deux chemins s'offrent à vous :
- La voie tactique : Remplacer vSphere par une alternative. Vous réglez le problème de la licence à court terme, mais conservez la complexité de gestion applicative.
- La voie stratégique : Profiter de cette rupture pour adopter une approche « plateforme ». Vous bâtissez sur une base de virtualisation open source et vous y ajoutez une couche PaaS comme Abilian Nua pour moderniser la gestion de tout votre portefeuille applicatif.
Cette crise est le catalyseur qui vous permettra de construire une infrastructure informatique plus agile, plus rentable et, surtout, entièrement sous votre contrôle.
Résumé et recommandations pratiques
Pour les organisations affectées par les changements de Broadcom, l'exploration des solutions de virtualisation open source est une opportunité de reprendre le contrôle et de réduire les coûts. Des solutions comme Proxmox VE, XCP-ng ou OpenNebula constituent des alternatives viables et pragmatiques. Le succès de la transition ne dépend pas seulement du choix de l'hyperviseur, mais de l'alignement de la solution avec la maturité technique, la culture de l'entreprise et ses objectifs stratégiques à long terme.